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Cette capture d'écran résume à elle-seule le positionnement marketo-stratégique de la WWE, les femmes et les enfants; surtout les enfants. Vince Mac Mahon l'a très bien compris : il faut s'attaquer aux kids si vous voulez fidéliser votre clientèle. Difficile de refuser à ses enfants le nouveau T-shirt de son héros, en l'occurence celui de l'Amérique, John Cena. En choisissant délibérément de le faire revenir plus vite que prévu, suite à la chute des ratings de son émission fétiche, la WWE se remet en selle financièrement. Plus de ratings, plus de merchandising vendu, plus de rentrées d'argent pour USA Network (le diffuseur de Monday Night RAW), tout le monde est gagnant. D'ailleurs le retour de John Cena s'est fait lors du Royal Rumble, un des "Big 4" Pay-Per-View. La surprise fut bien protégée. Et la réaction de la foule ne s'est pas fait attendre, le public New-Yorkais ne le portant pas dans son coeur. Et pour une fois, les huées se sont faites plus entendre que les cris suraigus des kids et des fillettes en pleine poussée d'hormones. Merci New-York, çà fait toujours plaisir.

Evidemment, il remporte le Royal Rumble, décroche la place de challenger officiel au titre WWE lors du prochain Wrestlemania. Et lors du RAW de lundi soir, John Cena nous sort un speech dans lequel lui-même avoue qu'il a réussi l'impossible, revenir plus tôt que prévu, à force de travail, d'abnégation, et remporter le Royal Rumble (en rentrant 30eme et dernier, super...). Réussir l'impossible, so american... John Cena personnifie à merveille l'American Dream, celui du pays où tout est possible si on s'en donne les moyens. Vision éculée et passéiste d'un pays qui doit panser ses plaies faites en Irak et en Afghanistan. Vision émerveillée d'un pays où la fracture sociale (Jacquot, si tu me lis...) se fait de plus en plus sentir, où la montée des Chrétiens Évangélistes nous fait craindre une prochaine Croisade d'ici peu de temps. John Cena est le symbole de l'Amérique de l'entre-deux guerres (Deuxième Guerre Mondiale et Vietnam), celle où tout lui réussissait. Cela en devient même pas du tout crédible pour un sou. Je ne ferai pas liste de tous les exploits qu'a pu réaliser John Cena dans sa petite carrière à la WWE, mais c'est impressionnant. Et tout çà sans grande technique. Pléthore de catcheurs sont bien meilleurs que lui intrinsèquement. Mais il a su profiter de la guerre en Irak. Suite à son personnage de wigger ("white nigger", comme dans le clip d'Offspring "pretty fly for a white guy"), surfant sur la vague Eminem, il a su se repositionner comme porte-parole des militaires US, avec le même discours puant de démagogie et d'inexactitude que balance Fox News. Ajouté à celà une minable performance d'acteur dans "The Marine", et on a un gars englué dans ce rôle qui n'a plus d'intérêt. L'équipe créative lui a d'ailleurs fait arrêter toutes ces conneries de Marine, l'opinion publique sur la guerre en Irak ayant changé.

Bref, John Cena pourrait très bien jouer "Captain America", çà ne lui irait que trop bien. Les kids le vénèrent, les rednecks aussi, parce que c'est le champion, qu'il parle bien (enfin bien, rien d'exceptionnel non plus), qu'il a un nom entre quatre lettres et c'est facile à retenir, et qu'il réalise des exploits avec des prises à deux balles, mais ce n'est pas grave, tant que le coeur y est. Tout est une histoire de coeur, comme le dit si bien la petite fille sur sa pancarte. John Cena, héros de la nation, condamné à battre tous les records à la WWE...politique minable, qui ne fait que creuser le fossé entre le cirque et le vrai catch. ROH ! ROH ! ROH !

"Maman, dessine-moi un héros"

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